STEPHANE LE DROUMAGUET / SEBASTIEN VONIER | |
Réunis pour donner un point de vue contemporain sur la ville, Stéphane Le Droumaguet et Sébastien Vonier ne jouent pas dans la cour des urbanistes. Ni ne surfent sur la vague des ensembles de très haute portée actuellement en vogue dans l'architecture des mégalopoles mondiales. Tous deux diplômés des Beaux-Arts, le premier de Nîmes en 2004, le deuxième de Rennes en 2001, ils inversent carrément les regards que l'on porte communément sur le paysage urbain et ses métamorphoses. |
Né
en 1974 et sélectionné pour la Biennale des jeunes
créateurs de 2005, Stéphane Le Droumaguet est
photographe. Pour Vasistas, Jean-Paul Guarino, son
directeur, a choisi neuf clichés dont il a produit
l'agrandissement et le tirage en couleur. Leur ambition ne saute pas aux yeux, bien qu'il faille reconnaître peu à peu leur caractère spécifique : porter un regard apparemment objectif sur des lieux et des moments les moins empreints d'aura. Certaine façade d'immeuble avec son alignement de garages révèle du reste des affinités avec l'école fonctionnaliste allemande, et le photographe Thomas Struth, en particulier. Mais la plupart de ces lieux, inscrits dans une faible profondeur de champ, témoignent du manque d'horizon dans lequel s'inscrit la ville aujourd'hui, avec ses bâtiments à angle droit et ses bretelles d'autoroute. Solitude et penchant sécuritaire en prime. Quelques clichés, pourtant, s'écartent de cette logique, s'ouvrant à la contemplation picturale, non sans cet effet de réel et de nostalgie propre à la photo : un alignement de pins masque ainsi, ou révèle en douce, l'angle de vue sur un canal, dont la péniche invite à un nomadisme tranquille, loin du quadrillage normé des jardins arborés, à consommer sans rien y voir. |
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Les possibles. 2004. 95 x 60 x 17 cm |
27. 2005. édition 1/3. 105 x 75 x 15 cm Le quadrillage plus ou moins régulier des plans des villes, voilà qui active pourtant la démarche de Sébastien Vonier. Choisis pour les failles que leur apparente régularité renferme, ou pour l'aspect biscornu qui les caractérise, des secteurs urbains sont reproduits en sculptures uniformément blanches de quelques dizaines d'épaisseur. Mais loin de se calquer sur les principes de l'axonométrie, Vonier prête à ces volumes la dimension d'étagères hors norme, aptes à supporter un savoir sans limites de forme. Plus près de dimensions favorisant l'individualisme du collectionneur contemporain, Vonier laisse cependant entendre qu'il n'est pas de volume, aussi fermé soit-il, qu'il ne saurait transpercer de son désir d'en déplacer le contenu. Lise Ott in Midi Libre, 05 avril 2005 |
285. 2004. 116 x 182 x 20 cm |
Stéphane
LE DROUMAGUET |