David WOLLE | |
« Le titre de
l'exposition contrarie le Maladaptive Daydreaming
Disorder, nouvelle addiction nommée et décrite en
2002 par le Docteur Eli Somer. C'est une sorte de rêve éveillé
envahissant, trouble dont je souffre évidemment, comme
toute personne qui apprend que ce mal existe avec le net, on
découvre un tas de micro-syndromes dont on s'empare
très facilement, une sorte d'infra-mince de la
psychiatrie. » |
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l¨l, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.
_l_l°_°l, 2013. Huile sur toile, 40 x 50 cm.
Pferdekaroussell, 2014. Huile sur toile, 60 x 81 cm.
" Elliptiquement, jouer les gilles ", 2014.
Huile sur toile, 54 x 81 cm.
Martré, 2014. Huile sur toile, 64 x 81 cm.
La Tempête, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.
La Grotte, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.
Un Léger Passé, 2014. Huile sur toile, 80 x 80 cm.
Ozymandias, 2014. Huile sur toile, 50 x 50 cm.
Cucuruzzu, 2014. Huile sur toile, 60 x 73 cm.
Soudain, 2014. Huile sur toile, 130 x 97 cm.
Le Pont, 2014. Huile sur toile, 130 x 97 cm.
La Randonnée au Gondwana-Ouest, 2014. Huile sur toile,
50 x 50 cm.
Le Numéro, 2014. Huile sur toile, 60 x 55 cm.
Le Masque, 2014. Huile sur toile, 32 x 40 cm.
Poudingue, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.
Le laps, 2014. Huile sur toile, 55 x 46 cm.
_+_l__ , 2013. Huile sur toile, 45 x 61 cm.
La Floppée, 2014. Huile sur toile, 80 x 80 cm.
L'iridescence de Jimmy, 2014. Huile sur toile, 32 x 40
cm.
" E3 : l'affabilité ", 2014. Huile sur toile,
32 x 40 cm.
[/°\], 2014. Huile sur toile, 45 x 55 cm.
A quels yeux la peinture de David Wolle
serait-elle destinée ? Effectivement, cest
dabord une forme détonnement, que lon
soit un habitué des musées ou des expositions, ou bien
un visiteur plus néophyte. Difficile à première vue de
trouver une « famille » dont cette peinture
ferait partie. Il y a déjà quelque chose que le mot
« peinture » narrive plus à résumer,
ou à embrasser. De quoi parle-t-on ? Dans lart que lon appelle tous « contemporain », pour éviter den circonscrire létendue, ridicule serait celui qui prétendrait tout connaître, et sûrement tout classifier. La peinture a une place aujourdhui que les seuls écrits ou critiques réduisent au sein dune histoire de lart. Une histoire de la peinture suivrait-elle les mêmes contours ? Il y a toujours eu des peintres qui ont fait un travail « pour les peintres », et moins retenus pour et par le grand public. Et aujourdhui, sans relancer un débat trop général sur la place de la peinture, on a trop souvent en tête un « expressionnisme » de facture, ou cest plus embêtant des « images peintes ». Mais qui ne sont ni lun ni lautre ce qui résumerait la peinture, ce qui fait peinture. Quand on voit les toiles de David Wolle, beaucoup de questions arrivent, moins de réponses dans un premier temps. Ce nest pas gestuel, ce ne sont pas des images recouvertes de couleurs, cest fait « à lancienne ». De la peinture qui se met en forme, et qui prend forme. Les « pratiquants » y discerneront lutilisation de la peinture à lhuile, et sauront pourquoi il faut passer par un mode plutôt lent pour élaborer ce que lon voit, medium seul capable davoir le temps de former et dincarner ce qui est donné à voir. Ce nest pas le dernier geste, la dernière couleur, les coulures ou autres recouvrements, cest un travail beaucoup plus à cur de louvrage, un travail en train de se faire, et que David Wolle nous donne à voir quand il estime être arrivé quelque part. Aucun moyen de dessiner à lavance une ébauche de résultat, cest ce processus, ce travail du peintre, qui va être étranger aux yeux habitués à une peinture spectaculaire. Quand on mâche du chewing-gum, quon verse une crème, quon monte des blancs en neige, on serait bien idiot de prétendre voir un résultat et avoir une image en tête. Ces formes, devant lesquelles on arrive trop tard (ou trop tôt !) pour voir le plaisir de leur devenir, sont de toute façon inaccessibles, et cest cette dimension un peu frustrante, ayant été habitué à des évidences plus quà des incertitudes, qui nous fait hésiter. Engageant directement les yeux qui les regardent, les apparences sont faussement trompeuses. La palette colorée nest pas celle ni des grands peintres, ni celle dun raffinement il y a trop de précédents pour supporter encore (ou jusquoù ?) ces couleurs dites primaires qui fondent lamateurisme des débutants elles frisent avec le mauvais goût si on les prend au sérieux, mais elles ne jouent pas non plus avec le kitsch qui nest pas le domaine de David Wolle. Le pinceau sera celui qui ne fait pas spectacle, ni écriture, ni cerne. Un simple outil, souple, et qui veut rester anonyme, qui ne fera voir que sa capacité à mélanger les couleurs et épandre la pâte des pigments. Le fond nhésitera pas à servir de fond, pas comme la feuille blanche offrant sa planéité. Forme et fond sont des choses qui nous renvoient en arrière, et à la place du « petit infini » avec lequel certains peintres ont lutté, quils soient catalogués comme abstraits ou comme plus figuratifs. Le monumental est passé par là, et David Wolle na pas nécessairement besoin de faire grand. Cest aussi dans lintime que le regard va pouvoir se perdre. Que dire, enfin, des textures ? Cuisine, oui, mais à y regarder de près, cest aussi de la porcelaine, du verre, du velours, ou dautres matériaux qui ont pu avoir besoin de forte chaleur Il y a du précieux, de lobjet dart, du tactile, de lélégance du XVIIIe siècle, plus que du rêve des années vingt ou trente. Et on a donc envie de toucher, de prendre dans ses mains ces volumes que lon sait fictifs. Petit nuage insaisissable, affleurement, caresse, émotion comme quand on examine les dentelles des peintres du nord, des étoffes ou rubans en mouvement de Fragonard ou même de Boucher. Reflets qui ne réfléchissent rien, mollesse qui ne parait pas savachir, ornements qui ne rendent pas beau, couleurs qui nidentifient rien dautre que la pâte sortie du tube acheté en magasin, lumière douce dune ambiance vide. Léchelle des formes contredit la taille, les superpositions sont loin de suggérer des espaces vrais. Une peinture qui nous montre quelle continue à (se) produire, à fonctionner, incarnant non plus des visages comme au temps de son invention par les frères Van Eyck, mais au contraire à donner de la vie en tout cas une « présence » légitime dans notre monde décrans et de transposition de ce qui est physique. La peinture de David Wolle serait et vivrait-elle sa propre transposition ? Elle me donne envie daller acheter quelques tubes David Bioulès, juin 2014 |
David WOLLE, né
en 1969, vit et travaille à Villefranche/Saône |