David WOLLE
 
 



Adaptive Daydreaming


29 mai - 12 juillet 2014



« Le titre de l'exposition contrarie le Maladaptive Daydreaming Disorder, nouvelle addiction nommée et décrite en 2002 par le Docteur Eli Somer. C'est une sorte de rêve éveillé envahissant, trouble dont je souffre évidemment, comme toute personne qui apprend que ce mal existe – avec le net, on découvre un tas de micro-syndromes dont on s'empare très facilement, une sorte d'infra-mince de la psychiatrie. »

A l'encontre des tableaux montrés en 2010, les nouvelles peintures de
David Wolle débordent de la ressemblance vers la vraisemblance. Les formes représentées, plus libres, imposent leur propre fond ; ces fonds induisant, du coup, la transformation des formes en figures.
Si vous n'avez rien compris, c'est bien normal. Donc plutôt à voir.




























La Tarantelle, 2014. Huile sur toile, 100 x 81 cm.








































l¨l, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.







_l_l°_°l, 2013. Huile sur toile, 40 x 50 cm.















Pferdekaroussell, 2014. Huile sur toile, 60 x 81 cm.
















" Elliptiquement, jouer les gilles ", 2014. Huile sur toile, 54 x 81 cm.































Martré, 2014. Huile sur toile, 64 x 81 cm.








La Tempête, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.








La Grotte, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.
















Un Léger Passé, 2014. Huile sur toile, 80 x 80 cm.
















Ozymandias, 2014. Huile sur toile, 50 x 50 cm.








Cucuruzzu, 2014. Huile sur toile, 60 x 73 cm.




















Soudain, 2014. Huile sur toile, 130 x 97 cm.








Le Pont, 2014. Huile sur toile, 130 x 97 cm.































La Randonnée au Gondwana-Ouest, 2014. Huile sur toile, 50 x 50 cm.








Le Numéro, 2014. Huile sur toile, 60 x 55 cm.








Le Masque, 2014. Huile sur toile, 32 x 40 cm.








Poudingue, 2014. Huile sur toile, 40 x 50 cm.








Le laps, 2014. Huile sur toile, 55 x 46 cm.


































_+_l__ , 2013. Huile sur toile, 45 x 61 cm.








La Floppée, 2014. Huile sur toile, 80 x 80 cm.








L'iridescence de Jimmy, 2014. Huile sur toile, 32 x 40 cm.








" E3 : l'affabilité ", 2014. Huile sur toile, 32 x 40 cm.








[/°\], 2014. Huile sur toile, 45 x 55 cm.









A quels yeux la peinture de David Wolle serait-elle destinée ? Effectivement, c’est d’abord une forme d’étonnement, que l’on soit un habitué des musées ou des expositions, ou bien un visiteur plus néophyte. Difficile à première vue de trouver une « famille » dont cette peinture ferait partie. Il y a déjà quelque chose que le mot « peinture » n’arrive plus à résumer, ou à embrasser.
De quoi parle-t-on ? Dans l’art que l’on appelle tous « contemporain », pour éviter d’en circonscrire l’étendue, ridicule serait celui qui prétendrait tout connaître, et sûrement tout classifier. La peinture a une place aujourd’hui que les seuls écrits ou critiques réduisent au sein d’une histoire de l’art. Une histoire de la peinture suivrait-elle les mêmes contours ? Il y a toujours eu des peintres qui ont fait un travail « pour les peintres », et moins retenus pour et par le grand public. Et aujourd’hui, sans relancer un débat trop général sur la place de la peinture, on a trop souvent en tête un « expressionnisme » de facture, ou – c’est plus embêtant – des « images peintes ». Mais qui ne sont ni l’un ni l’autre ce qui résumerait la peinture, ce qui fait peinture.

Quand on voit les toiles de David Wolle, beaucoup de questions arrivent, moins de réponses dans un premier temps. Ce n’est pas gestuel, ce ne sont pas des images recouvertes de couleurs, c’est fait « à l’ancienne ». De la peinture qui se met en forme, et qui prend forme. Les « pratiquants » y discerneront l’utilisation de la peinture à l’huile, et sauront pourquoi il faut passer par un mode plutôt lent pour élaborer ce que l’on voit, medium seul capable d’avoir le temps de former et d’incarner ce qui est donné à voir. Ce n’est pas le dernier geste, la dernière couleur, les coulures ou autres recouvrements, c’est un travail beaucoup plus à cœur de l’ouvrage, un travail en train de se faire, et que David Wolle nous donne à voir quand il estime être arrivé quelque part. Aucun moyen de dessiner à l’avance une ébauche de résultat, c’est ce processus, ce travail du peintre, qui va être étranger aux yeux habitués à une peinture spectaculaire. Quand on mâche du chewing-gum, qu’on verse une crème, qu’on monte des blancs en neige, on serait bien idiot de prétendre voir un résultat et avoir une image en tête. Ces formes, devant lesquelles on arrive trop tard (ou trop tôt !) pour voir le plaisir de leur devenir, sont de toute façon inaccessibles, et c’est cette dimension un peu frustrante, ayant été habitué à des évidences plus qu’à des incertitudes, qui nous fait hésiter. Engageant directement les yeux qui les regardent, les apparences sont faussement trompeuses. La palette colorée n’est pas celle ni des grands peintres, ni celle d’un raffinement – il y a trop de précédents pour supporter encore (ou jusqu’où ?) ces couleurs dites primaires qui fondent l’amateurisme des débutants – elles frisent avec le mauvais goût si on les prend au sérieux, mais elles ne jouent pas non plus avec le kitsch qui n’est pas le domaine de David Wolle. Le pinceau sera celui qui ne fait pas spectacle, ni écriture, ni cerne. Un simple outil, souple, et qui veut rester anonyme, qui ne fera voir que sa capacité à mélanger les couleurs et épandre la pâte des pigments. Le fond n’hésitera pas à servir de fond, pas comme la feuille blanche offrant sa planéité. Forme et fond sont des choses qui nous renvoient en arrière, et à la place du « petit infini » avec lequel certains peintres ont lutté, qu’ils soient catalogués comme abstraits ou comme plus figuratifs. Le monumental est passé par là, et David Wolle n’a pas nécessairement besoin de faire grand. C’est aussi dans l’intime que le regard va pouvoir se perdre. Que dire, enfin, des textures ? Cuisine, oui, mais à y regarder de près, c’est aussi de la porcelaine, du verre, du velours, ou d’autres matériaux qui ont pu avoir besoin de forte chaleur… Il y a du précieux, de l’objet d’art, du tactile, de l’élégance du XVIIIe siècle, plus que du rêve des années vingt ou trente. Et on a donc envie de toucher, de prendre dans ses mains ces volumes que l’on sait fictifs. Petit nuage insaisissable, affleurement, caresse, émotion comme quand on examine les dentelles des peintres du nord, des étoffes ou rubans en mouvement de Fragonard ou même de Boucher. Reflets qui ne réfléchissent rien, mollesse qui ne parait pas s’avachir, ornements qui ne rendent pas beau, couleurs qui n’identifient rien d’autre que la pâte sortie du tube acheté en magasin, lumière douce d’une ambiance vide. L’échelle des formes contredit la taille, les superpositions sont loin de suggérer des espaces vrais. Une peinture qui nous montre qu’elle continue à (se) produire, à fonctionner, incarnant non plus des visages comme au temps de son invention par les frères Van Eyck, mais au contraire à donner de la vie – en tout cas une « présence » – légitime dans notre monde d’écrans et de transposition de ce qui est physique. La peinture de David Wolle serait et vivrait-elle sa propre transposition ? Elle me donne envie d’aller acheter quelques tubes…

David Bioulès, juin 2014






David WOLLE, né en 1969, vit et travaille à Villefranche/Saône

Expositions personnelles

2014
Galerie Vasistas, Montpellier

2012
The Fantasy Land - Works by David Wolle - Tap Seac Gallery - Macao

2011
Docks Art Fair, Lyon
Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg

2010
Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg
Musée Paul Dini

2008
Galerie Bernard Ceysson, Saint-Étienne
L'exposition - FRAC Languedoc-Roussillon, Montpellier

2006
Galerie Vasistas, Montpellier


Collections publiques

FNAC - Fonds national d'art contemporain
FRAC Languedoc-Roussillon
Musée Paul-Dini, Villefranche-sur-Saône


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