The Kiss ?
Photographie, 2014. 33 cm x 43 cm, édition de 5
SUPERPOSITIONS Le langage, comme le rire, a létrange puissance dêtre à la fois précis et équivoque. À la fois, cest-à-dire en même temps. Si bien quil livre ses plus belles étincelles lorsque, par loisir ou par nécessité, il trouve la manière de nommer de façon précise cette équivocité. Ce qui ne va pas sans ouvrir symétriquement la possibilité de dévoiler léquivoque qui loge dans les interstices de toute précision. Le mot « superposition », lorsquil est rapporté à ce qui la rendu nécessaire dans le cadre de la physique quantique, est lune de ces étincelles. Dans ce cadre, ce mot veut nommer la façon précise dont les propriétés attribuables aux constituants élémentaires de notre monde sont indéterminées, avant que la mesure de notre regard ne les projette sans ambiguïté sur lune des multiples couches vacillantes du possible pour nous les rendre enfin évidentes. Avant lordre, les choses ne se trouvent pas dans le chaos, ou plus précisément, elles ne sy trouvent que minutieusement superposées. La superposition ne se confond donc pas avec le brouillage, avec le flou, avec le simplement ambigu, ambivalent ou incertain. Elle ne renvoie pas de façon indifférenciée à toutes ces figures de la confusion qui alimentent le mystérieux, lobscur et le sans fond que lon tient pour profond si souvent. Dans la précision du problème qui motiva cet appel presque désespéré aux intuitions du langage, la superposition quantique désigne à sa manière la structure objective de ce qui ne se laisse déterminer quen le réduisant. Il nen reste pas moins que cest bien dans létendue glissante du langage que les savants ont dû finir par puiser et par déposer leurs (in)déterminations. Et cest là, dans linfini royaume de lanalogie, où léquivoque est de droit et la science côtoie le poétique, cest bien là que Michaël Sellam les retrouve. Le rapport de Sellam à lunivers quantique (à ses images, à son langage) nest pas de référence ou de pure fascination. Il est de sens. Science et fiction constituent pour lui des états superposés quil ne sagit pas de mesurer. En renvoyant dos à dos lune et lautre, en composant des images, des volumes et des sons hétérogènes, le travail de Michaël Sellam ne bidouille rien, mais superpose avec précision. La superposition devient avec Michaël Sellam une figure de la composition artistique. Dès lors, le foisonnement danalogies trouve une nouvelle raison, un nouveau principe, un fondement. Mais ces analogies sont aussi des analogies pour rire. Comme ces grandes idées que lon a sous la douche. Il reste que tôt ou tard leau sera froide ou la peau aura vieilli, et le temps sera venu de devoir en sortir. La royauté que lon aura projetée derrière tant de rideaux affrontera alors le risque de nudité associé au fait que « derrière le rideau, il ny a rien à voir ». « Avoir rien à voir », « avoir tout à voir », voilà les véritables états superposés qui soffrent, vacillants, au regard présupposé actif de lobservateur. Sans doute, ici comme ailleurs, cette mesure nest pas entièrement subjective. Mais une chose est sûre, Michaël Sellam ne cessera jamais de rire cest-à-dire, de composer léquivoque avec précision. Juan-Luis
Gastaldi |
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Farniente
Objets arrangés, 2014. 60 cm x 110 cm x 20 cm
Relaxing Video of A Tropical Beach with Blue Sky, White
Sand and Palm Tree
Vidéoprojection, 2014. 1 47, édition
de 5
A tu disais ? B que ça devait être un peu pénible dexposer à côté de lautre A mais non, personne ne voit ses trucs regarde, tout le monde est fasciné par les trois pièces dont on parle B hmm tu en penses quoi, Adèle ? C je ne sais pas si je suis qualifiée mais je trouve son exposition très énigmatique ; les trois ensembles sont dune diversité comment dire déroutante B les pièces de lautre aussi on dirait A arrête de parler de lui C tout à lheure, en prenant une douche, je me disais que la vidéo, au titre beaucoup trop long, était en outre dune bêtise sans nom A ben oui, cest ça, elle est bête à souhait. Un drone échoué sur une plage qui branle le palmier qui la emprisonné en boucle, sans souci de vraisemblance ni de chronologie. Moi, ça me parle exactement du monde dans lequel je vis. Tu savais que la vidéo avait été trouvé sur le web et quelle durait 3 heures à lorigine ? C tu veux dire que ce qui me plaît dans les six tableaux cest aussi leur bêtise ? A les fastfood ? Tu plaisantes, ils sont magnifiques ces tableaux. Ils ne jouent pas du tout avec les codes de la peinture il faudra que je te parle de ça un jour, Adèle. Je les vois plutôt comme des objets, presque sculpturaux, sans véritable destination précise, dont les enjeux sont ambigus. Des trucs de méditation peut-être B ça méchappe A ça échappe à tout le monde, précisément parce quils ne sont pas bavards ; regarde les tranches des tableaux, blanches et le film transparent qui neutralisent toute forme dautorité B cest beau A oui B non, ce que tu dis C et Farniente ? A Ah, ça cest une vraie sculpture, mais très composée, comme un tableau C oui daccord, mais le titre ? B ben, ce sont des objets qui appartiennent à D, avec lesquels il travaille, à latelier ; cest ironique vis-à-vis des activités supposées des artistes mais aussi par rapport à cette pièce là, un peu fastoche A facile ? cest beau comme un jardin japonais ou comme un Morandi ! B A les objets sont posés au sol, non fonctionnels mais potentiellement disponibles C jaime beaucoup la mise en abyme, dans lécran A voilà ; les objets usés quon a sous les yeux se retrouvent peints en blanc, neutralisés B virtuellement A mentalement. Je me souviens même quil avait autrefois peints des blasters et un vélo en blanc et aussi des orchidées en bleu ou vert C en fait, je commence à comprendre une sorte de lien et finalement, je crois même que je commence à apprécier un peu les pièces de lautre B arrête Patrick Perry A : sans doute lami de lartiste B : le chanteur C : Adèle D : lartiste (celui dont on parle, absent) |
Un problème déchelle, 1, 2, 3 (suite de 9)
Photographies encadrées, 2014. 35 cm x 40 cm
Al-jabr
Sculpture, 2014. 120 cm x 85 cm x 25 cm
Eldorado, etc.
Vidéoprojection, 2014. 29, édition de 5
Plusieurs années au travail
Tapis de souris sous Plexiglas, 2014. 27 cm x 22 cm
Michaël Sellam,
né en 1975, vit et travaille à Paris |